La première rame de TER à batteries rechargeables de la Région Nouvelle-Aquitaine vient d’entamer ses essais dynamiques pour évaluer les performances du train en mouvement. L’objectif est que ce nouveau modèle de TER électrique entre en circulation fin 2024.
- # Trains régionaux
- # Nouvelle-Aquitaine
- # Environnement
- # Transports
- # Particulier
Un TER bi-mode 100 % électrique
Ce projet de train à batteries est une première en Europe : dans cette expérimentation de grande envergure, il s’agit de procéder au rétrofit complet de plusieurs rames de TER. C’est-à-dire de transformer du matériel roulant en partie au diesel en matériel 100 % électrique.
Construites au début des années 2000, ces rames bi-modes électrique et thermique (diesel) vont ainsi devenir des rames 100 % bi-modes électrique, avec une motorisation alimentée via les caténaires ou via des batteries rechargeables, selon l’équipement de la voie. Les éléments thermiques sont remplacés par des batteries rechargeables au lithium, qui donnent au train une autonomie de 80 km. L’opération est hautement complexe : elle nécessite de respecter les spécifications du train existant (masse et volume, modification des anciens logiciels…).
La Région Nouvelle-Aquitaine, aux côtés des Régions Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Occitanie et Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, s’est associée à SNCF Voyageurs et Alstom depuis 2021 dans ce projet d’expérimentation novateur. Cinq rames bi-modes doivent ainsi être modifiées pour devenir 100 % électriques. La première rame confiée par la Région Nouvelle-Aquitaine est sortie de l’usine Alstom de Crespin (dans le Nord) durant l’été et ses premiers essais dynamiques ont commencé ce mois d’octobre 2023.
Les atouts du rétrofit
Cette opération de rétrofit présente plusieurs avantages : elle a pour premier objectif de diminuer les pollutions sonores et les émissions de gaz à effet de serre avec un train plus silencieux et avec des modes de traction électriques. De plus, le rétrofit donne la possibilité de transformer le parc de matériel roulant existant. Et enfin, la motorisation bi-mode avec des batteries rechargeables permet d’éviter de lourds investissements dans des travaux d’électrification du réseau ferroviaire. En effet, les rames pourront circuler sur les portions non électrifiées, en utilisant l’énergie stockée dans les batteries. Seules quelques sections seront électrifiées autour de certaines gares pour que les trains puissent se recharger par leurs pantographes.
Mise en circulation du TER à batteries à l'horizon 2024
© SNCF-Alstom
Après une série d’essais cet été, la première rame rétrofitée de la Région Nouvelle-Aquitaine poursuit ses tests au centre d'essai ferroviaire de Bar-le-Duc (Meuse). Cette phase d'essais de validation (jusqu’à 160 km/h) permettra d’apprécier les performances du train dans des conditions d'exploitation identiques à celles du service commercial. Une dernière phase d’essai sur le réseau ferré national est prévue entre fin 2023 et début 2024.
La rame confiée par la Région Nouvelle-Aquitaine est la première rame à avoir été transformée. Les quatre autres rames des Régions associées doivent encore être traitées. L’objectif est que ce nouveau modèle de train TER du modèle AGC (autorail grande capacité) batteries puisse entrer en service commercial fin 2024 en Nouvelle-Aquitaine. Cette première période expérimentale permettra d’envisager le déploiement de la solution à plus grande échelle.
La Nouvelle-Aquitaine pionnière sur les solutions alternatives au diesel
La Région a anticipé la décarbonation des trains TER et elle travaille depuis près de 15 ans sur des solutions alternatives au diesel : biodiesel depuis 2009, Régiolis hybride depuis 2016, train à l’hydrogène depuis 2018.
Le profil des lignes et des circulations TER en Nouvelle-Aquitaine se prête bien à une exploitation d’un train à batteries. C’est pourquoi la Région a initié la réflexion sur cette technologie dès 2018 avec plusieurs constructeurs de train (dont ALSTOM, BOMBARDIER, CAF, SIEMENS, STADLER) et de fabricants de batteries (SAFT et FORSEE Power).
La Région à l’initiative du rétrofit des rames de TER
62 rames de TER doivent être remise à neuf de 2024 à 2030. Cette opération de régénération, dite « opération mie-vie » sera réalisée de 2024 à 2030 au Technicentre Charentes-Périgord, à Périgueux, en Dordogne, avec l’appui de près de 200 emplois consolidés sur le site dans différentes spécialités : mécaniciens, électriciens, chaudronniers, climaticiens.
L’idée de mettre à profit les temps d’immobilisation de ces 62 rames AGC bi-modes diesel/caténaire pour les transformer en rames bi-modes batteries rechargeable/caténaire s’est concrétisée en 2019 lors du Congrès des Régions organisé à Bordeaux. La démarche, naturellement menée avec SNCF, a été rejointe immédiatement par les Régions Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Occitanie et Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Dans la lignée de sa grande démarche Néo Terra pour les transitions environnementales, la Région Nouvelle-Aquitaine expérimente d’autres solutions pour une mobilité avec moins d’émissions de gaz à effet de serre.
En savoir plus